Les deux domaines d’activités, à priori diamétralement opposés, sont plus proches qu’il n’y paraît. Aussi, le concept d’ « e-agriculture » est-il axé sur l’utilisation des TIC pour promouvoir le développement agricole et rural. C’est un secteur presque en friche sous nos cieux. Avec quelques exemples pratiques sur des applications d’e-agriculture mises en place, nous allons vous montrer comment les innovateurs et entrepreneurs pourraient tirer parti de ce potentiel au Cameroun et en Afrique.
Et ce, à différentes étapes de la chaîne de production. Au niveau mondial, l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), qui dirige des actions sur l’e-agriculture, recense quelques technologies clés pour l’agriculture. On y retrouve le téléphone mobile, des technologies géospatiales, des systèmes globaux de navigation par satellite et des systèmes d’information géographiques (GIS)…Mais alors, quelles possibilités les TIC pourraient-elles ouvrir à l’agriculture et au monde agricole ?
D’abord, dans le cadre de la surveillance de la production, les TIC aident à une meilleure gestion du calendrier agricole, de la météo, l’adaptation aux changements climatiques, entre autres. Au Cameroun, le ministère de l’Agriculture et du développement durable indique que la région de l’Extrême-Nord a présenté un bilan céréalier brut déficitaire de 15.249 tonnes en 2022. En cause, les inondations de novembre. Aujourd’hui, dans le cadre de l’e-agriculture, des innovateurs proposent des applications pour permettre aux producteurs d’avoir des informations météorologiques de pointe pour s’adapter aux changements climatiques. Ils sont ainsi capables de prendre des décisions pour prévoir les variations des précipitations et limiter ce genre de désagrément. C’est le cas au Mali où l’application « MaliCrop », créée avec le soutien du Centre-Réseau des technologies climatiques, fournit aux producteurs des prévisions concernant les températures, le niveau d’humidité et les précipitations. De même en Ethiopie, les éleveurs ont reçu des stations météorologiques automatisées qui leur procurent des informations climatiques fiables, dans le cadre du projet Market Approaches to Resilience. Autant d’outils susceptibles d’aider à mieux gérer les risques climatiques, en fournissant des systèmes d’avertissement précoces.
Ensuite, l’un des principaux domaines d’application des TIC dans l’agriculture est l’accès aux marchés pour les producteurs. Une transparence qui favorise l’augmentation des revenus. Ce, grâce aux outils permettant d’accroître la capacité des petits exploitants à vendre sur des marchés plus vastes ou aux acheteurs de suivre les récoltes jusqu’à la source. Des applications se proposent même de soutenir la traçabilité de produits à valeur ajoutée dans les pays en développement et le transfert de ressources financières directement aux agriculteurs par les consommateurs. En accédant aux informations de marché disponibles, les agriculteurs disposent de plus de choix et améliorent leur pouvoir de négociation. Ces outils permettent aussi de réduire les pertes post-récoltes. Si ces applications commencent à essaimer en Afrique, elles sont plutôt rares au Cameroun. Il y a tout de même des exceptions comme le site internet camagro.com, qui est en quelque sorte une place de marché virtuelle. On y trouve aussi des informations sur les bonnes pratiques agricoles.
Ici, le drone offre de nombreuses potentialités, pour améliorer la prise de décision des agriculteurs et faciliter ainsi l’appui nécessaire, tel que l’indique le rapport « Des drones à l'horizon : Transformer l'agriculture en Afrique », rédigé par un panel africain de haut niveau sur les technologies émergentes. Entre autres domaines d’applications, la cartographie, l’aménagement du territoire, l’inspection, le suivi et la surveillance, la livraison de marchandises, la gestion des actifs agricoles, l’évaluation des dommages causés aux cultures, etc.
En définitive, en fonction de l’innovation agricole des acteurs de la chaîne de valeur, le potentiel de l’e-agriculture au Cameroun et en Afrique sont infinies, pour peu que l’accès aux infrastructures de connectivité et aux TIC s’améliore, notamment dans le monde rural, à travers la réduction de la fracture numérique. Aux innovateurs de labourer ce champ en friche.
Contributeur : Regis B.