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En effet, parmi les importations massives opérées par le pays, figurent des produits de grande consommation. Selon la dernière note sur le commerce extérieur publiée par l’INS, les produits du règne végétal et des céréales constituaient respectivement 9% et 10,5% des importations sur la période citée plus haut. Pour un pays qui dispose de milliers d’hectares de terres arables, c’est quelque peu surprenant. Aussi, le secteur agro-sylvo-pastoral est une niche d’opportunités d’affaires pour les entrepreneurs.
De nombreuses incitations fiscales existent d’ailleurs pour ceux qui voudraient se lancer. En outre, consommer local ou réduire drastiquement les importations permettrait d’assurer une traçabilité des produits et de s’assurer en amont que leur fabrication réponde aux normes locales. De trop fréquents soupçons, à tort ou à raison, pèsent souvent sur la qualité de certains produits importés (alimentaires, cosmétiques…), jugés parfois nocifs pour la santé par des associations de consommateurs. Et, sur le plan environnemental, les circuits courts permettent de préserver l’environnement en réduisant l’impact carbone de nos achats. Une problématique également dans l’air du temps.
Aujourd’hui, se rendre à une soirée, vêtu d’un toghu en tissu ndop, d’un majestueux boubou ou d’un sandja, plutôt que d’un costume trois pièces ou d’une robe de soirée made abroad n’est pas qu’une affaire de mode ou d’anticonformisme. C’est aussi une affirmation de soi et une exposition positive qui profite à l’économie locale.
Sur le plan alimentaire, en 2022, la situation économique au niveau national, marquée par les effets du conflit Russo-Ukrainien et la persistance des tensions inflationnistes, nous a rappelé notre fragilité. Au centre des inquiétudes, la question du blé, ingrédient principal utilisé pour un produit de grande consommation comme le pain. Pourtant, des alternatives locales existent. On a vu l’engouement suscité chez les acheteurs de pain, réalisé à base de farine de patate douce lorsque l’expérience, trop courte hélas, a été menée par des boulangeries locales. Cette niche reste aussi largement sous-valorisée. À ce titre, le concept d’import-substitution, qui consiste à abandonner l'importation de biens pouvant être produits localement, est venu se greffer à la tendance du Made in Cameroon ; Renforçant ainsi les opportunités pour les entrepreneurs locaux ingénieux.
En troisième lieu et fort de ce qui précède, consommer camerounais est bien entendu une question de souveraineté économique. Ce, à travers notamment l’émergence des PME locales.
Lesquelles ne participent que très peu à la densification du tissu économique (4,45% selon l’Annuaire statistique 2022 des PME). Mais, paradoxalement, le tissu économique local est constitué à 99,8 % de PME.
En fait, au-delà de la volonté et des actions des autorités publiques, l’appropriation des produits locaux, qui souffrent d’un déficit d’image et sont victimes de préjugés négatifs par rapport à ceux importés, passera entre autres, par un changement de mentalité de la part des consommateurs et un saut qualitatif dans les processus de fabrication, du côté des producteurs. Ce n’est pas la qualité et l’ingéniosité qui manquent.
Contributeur : François BM.
