Le nom a peut-être l’air rébarbatif, mais en fait, il puise sa source de 2 mots : Fab – Lab (Fabrication Laboratory). Laboratoires de fabrication en français. Il s’agit en fait, d’ateliers partagés mettant à la disposition du public des outils et des machines de fabrication d'objets assistées par ordinateur auparavant réservées à des professionnels.
En outre, un Fablab désigne un lieu où des machines performantes sont mises à la disposition des utilisateurs pour leur permettre de donner vie à leurs projets. On y trouve notamment des imprimantes 3D ou des outils de découpe de grande précision.
Pour les férus d’histoire, Wikipédia renseigne que le concept a été pensé par le physicien et informaticien américain, Neil Gershenfeld, à la fin des années 1990. Ce, sur la base de ses observations faites au sein de hackerspaces se transformant en makerspace pour répondre aux besoins des communautés créées. Le physicien s’en est inspiré pour concevoir ce qu’il appellera FabLab, premier makerspace, où les élèves du MIT pouvaient se retrouver pour bricoler et créer quelque chose grâce à la fabrication numérique. Ainsi, ce concept a migré vers d’autres continents dont l’Afrique.
Cette clarification faite, il est important de savoir comment les entrepreneurs africains pourraient en tirer parti.
Ce qui fait le succès des FabLabs est avant tout la complémentarité. Ces jeunes talents qui se retrouvent dans un espace commun, ont la possibilité de partager ensemble les mêmes valeurs, les connaissances, les équipements entres autres. Chaque projet dépend ainsi plus ou moins du soutien des autres membres du laboratoire. Le succès de l’un étant celui de l’ensemble, pour la durabilité de l’écosystème.
Les premiers fablabs ont vu le jour en 2010 en Afrique de l'Ouest, inspirés par des laboratoires d'innovation français comme Artilect et ElectroLab. Des entrepreneurs comme Gildas Guiella, Sénamé Koffi Agbodjinou et Médard Agbayazon ont découvert le modèle et ont commencé à créer des fablabs au Burkina Faso, et au Togo. Ils rencontrent notamment l’intérêt de la jeunesse. Ici, meubles, applications mobiles et divers objets connectés voient le jour. Et petit à petit, ces lieux se transforment en espaces d’échange, de transmission des savoirs, de formation aux nouvelles technologies et d’innovation.
Au Cameroun, nous avons par exemple Ongola FabLab, Laboratoire de fabrication numérique pour accompagner les jeunes à initier des projets innovants en passant rapidement de l'idée au prototype fonctionnel. En 2019, l’Agence universitaire de la Francophonie (AUF) et la Fondation Orange ont également inauguré- le 23 mai 2019- le premier laboratoire de fabrication numérique mobile au Cameroun.
Il s’agit en fait d’un camion équipé de trois imprimantes 3D, d’une brodeuse numérique, d’une découpeuse laser et d’une découpeuse vinyle, pilotées par ordinateur.
Principales cibles : les jeunes défavorisés, les jeunes diplômés sans emploi, les élèves, les étudiants, les enseignants-chercheurs, les start-upers et artisans du numérique, les entreprises et les collectivités territoriales décentralisées.
Car, comme l’indique Cécile Fonrouge dans « Les FabLabs et l’émergence de figures alternatives de l’entrepreneur, 2018 », « Le FabLab permet la démocratisation de l’innovation matérielle et donc la (ré) appropriation physique du numérique ». Ils pourraient ainsi être au centre du défi numérique pour le continent africain.
Les Fablabs dépendent de leur contexte social pour s’implanter. En effet, dans la plupart des cas, l’environnement immédiat de ceux-ci détermine l’orientation qu’on donnera à leurs activités. La raison étant que ces centres visent à fournir des réponses immédiates aux problématiques qui les entourent. Elles visent surtout à répondre à un besoin bien précis dans un environnement donné. Car « ils se situent précisément au croisement entre la nécessité sociale d’innover « différemment » pour répondre à des problématiques locales, et une culture de la collaboration et de l’innovation ouverte issue du Web 2.0. », soutient le site the conversation. Notamment, dans des domaines comme le numérique (développement d’applications, de sites internet), l’éducation (animation de formations), la fabrication d’outils du quotidien…le tout se fondant sur l’ingéniosité des protagonistes.
En définitive, pour les jeunes entrepreneurs et les innovateurs du continent, il s’agit d’une opportunité. Et tant mieux car les Fablabs se démocratisent. On en trouve un peu partout en Afrique. Plusieurs gouvernements et ONG soutiennent ces initiatives qui facilitent de plus en plus le monde des affaires pour les jeunes créateurs d’idées. Les professionnels prédisent du reste un bel avenir à ces plateformes.
Contributeur : Daniel E.
